✔Je dépense, donc je suis ?

Publié par A Coeur Ouvert

 Par Martin Arbadel - Ministère A Coeur Ouvert - Avril 25
    ⏰Temps de lecture : 2mn

Tout porte à croire que le consumérisme est devenu en France une nouvelle forme de religion. Au cœur ou en périphérie de chacune de nos villes se trouve le centre commercial et, chaque jour, nous sommes des milliers à nous y rendre pour louer et glorifier le dieu du commerce, pour communier ensemble en consommant. Si le consumérisme est notre nouvelle religion, alors nos centres commerciaux sont nos lieux de culte, et notre forme de louange est l'achat.

Historiquement, le capitalisme est associé à des vertus ayant contribué à fonder la démocratie et un certain sens civique. "L'éthique protestante" analysée par Max Weber privilégiait en effet le travail, l'épargne, la vie simple, la probité, la responsabilité et une économie existant pour satisfaire de vrais besoins. Aujourd'hui, force est de constater que les vertus associées au capitalisme ont bien changé. Nos sociétés occidentales (mais pas seulement) privilégient les dépenses inutiles, étant censées assouvir de faux besoins. Qui ne s'est jamais dit, devant un joli chemisier dans une vitrine, ou devant le dernier gadget électronique à la mode : "il me le faut, j'en ai besoin" ? Qui n'a jamais été convaincu, après seulement quelques minutes passées devant une émission de télé-achat, que tel ou tel éplucheur révolutionnaire était une nécessité pour toute cuisine qui se respecte ?

On nous parle d'idéal …

La société d'hyper consommation, à travers la toute-puissante industrie publicitaire, réussit à nous faire croire tout et n'importe quoi. En particulier, la publicité est passée maître dans l'art de définir nos besoins puis de nous montrer la voie à suivre pour atteindre le bonheur. Or, le système lui-même est créé pour que nous ne parvenions jamais à ce bonheur. Les publicités que nous voyons à longueur de journées nous promettent que les modes du moment sont essentielles à notre acceptation de soi, à notre bien être physique et psychologique, mais celles-ci sont bien évidemment incapables d'assouvir notre désir de bonheur authentique. La première conséquence du consumérisme est donc une insatisfaction croissante envers nous-même et envers le monde qui nous entoure. Or, la publicité est non seulement responsable de notre insatisfaction, mais son rôle est aussi de l'entretenir. Voici ce qu'écrit Frédéric Beigbeder, ancien publicitaire, dans son livre '99 F' :

"Je vous drogue à la nouveauté, et l'avantage avec la nouveauté, c'est qu'elle ne reste jamais neuve. Il y a toujours une nouvelle nouveauté pour faire vieillir la précédente. Vous faire baver, tel est mon sacerdoce. Dans ma profession, personne ne souhaite votre bonheur, parce que les gens heureux ne consomment pas. […] Votre souffrance dope le commerce. Dans notre jargon, on l'a baptisée "la déception post-achat". Il vous faut d'urgence un produit, mais dès que vous le possédez, il vous en faut un autre. L'hédonisme n'est pas un humanisme : C'est du cash-flow. Sa devise ? "je dépense donc je suis". Mais pour créer des besoins, il faut attiser la jalousie, la douleur, l'inassouvissement : Telles sont mes munitions. Et ma cible, c'est vous". 

Génération conso

Selon l'économiste Benjamin Barber, nos sociétés hyper consommatrices sont en train de provoquer une inquiétante infantilisation de l'humain. Cette infantilisation correspond d'une part à l'abêtissement de ce qui se vend et donc de ceux qui l'achètent, et d'autre part à un effort pour transformer les enfants en consommateurs sur un marché où il n'y a jamais assez  de clients. Ainsi, les jeunes sont de plus en plus visés par la manipulation publicitaire, et l'on propose aux adultes une profusion de produits inutiles en ranimant en eux des goûts et des habitudes d'enfants. Par exemple, les adultes sont devenus des acheteurs compulsifs prêts à réaliser de gros sacrifices financiers pour s'offrir la toute dernière Wii, alors que les enfants s'habillent de plus en plus comme des adultes et possèdent un téléphone portable de plus en plus tôt. Au-delà de ce constat, il va de soi que l'infantilisation peut avoir des conséquences économiques graves sur les foyers, comme le surendettement ou la dépendance à tel ou tel produit soi-disant nécessaire.

Ce portrait rapide de nos sociétés consuméristes peut paraître alarmant, et c'est en effet l'un de ses buts : Avertir. Le consumérisme est une forme de captivité culturelle dont il faut apprendre les mécanismes afin d'en éviter les pièges. Au lieu de nous rendre heureux, la consommation à tout-va ne peut finalement que nous rendre triste, de plus en plus triste. Il est donc bon de s'interroger sur nos modes de vie. Ma foi chrétienne influe-t-elle sur mes choix de consommation ? Est-il nécessaire que j'exerce un mode de vie alternatif, voire prophétique dans ce domaine ? Dans l'ensemble, nos Églises, et notre société en général, ont certainement besoin de s'approprier de nouveau la conclusion de l'Ecclésiaste. Après avoir essayé de trouver le plaisir et le bonheur dans toutes sortes de domaines, il conclut que c'est la routine simple et journalière de manger, boire et travailler – vue dans la perspective d'une vie en relation à Dieu – qui lui amènera la plus profonde des satisfactions. "Il n'y a de bon pour l'être humain que de manger, de boire et de voir le bonheur dans son travail; moi, je l'ai vu, cela vient de Dieu". Le consumérisme, malgré ses promesses alléchantes, est incapable de nous apporter ce bonheur. Dieu si, en toute simplicité.

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