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Sous les deux alliances, les Psaumes ont eu dans la vie spirituelle du peuple de Dieu une place de première importance
Le Sauveur lui-même, dans son supplice, a trouvé dans les paroles inspirées des psalmistes l’expression de ce qu’il ressentait. Les discours et les lettres des apôtres sont remplis d’allusions et d’emprunts faits aux Psaumes, à tel point qu’aucun livre de l’Ancien Testament n’est cité plus souvent dans le Nouveau. L’Église, même aux époques où la Bible était laissée à l’écart, n’a pas cessé d’entendre dans ses cultes soit la lecture, soit le chant des Psaumes, et quand l’étude de la Bible a été formellement interdite au peuple par les conciles, des réserves expresses ont été faites en faveur de l’usage du Psautier.
Le chant des Psaumes, particulièrement propre à soutenir la foi des opprimés et à consoler les persécutés, a contribué puissamment aux progrès de la Réformation. Enfin chaque fidèle sait par expérience combien il est naturel à l’âme chrétienne de chercher dans les Psaumes l’aliment dont elle a besoin.
NDLR : Les Psaumes expliqués dans cette rubrique sont tirés de la Bible Annotée de Neuchâtel - traduction française réalisée au début du XXème siècle par une équipe sous la direction du théologien protestant suisse Frédéric Godet. Elle se base sur les textes originaux hébreux et grecs.
Éli, Éli, lamma sabachtani ?
1) Au maître chantre. Sur Biche de l’aurore. Psaume de David.
2) Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné, Te tenant éloigné, sans me délivrer, [Sourd aux] paroles de mon rugissement ?
3) Mon Dieu ! Je crie le jour, sans que tu répondes, Et la nuit, sans trouver de repos.
4) Et pourtant tu es le Saint, Tu sièges, entouré des louanges d’Israël.
5) Nos pères se sont confiés en toi, Ils se sont confiés, et tu les as délivrés,
6) Ils ont crié à toi, et ils ont échappé, Ils se sont confiés en toi, et ils n’ont point été confus.
7) Mais moi, je suis un ver et non point un homme, L’opprobre des hommes et le méprisé du peuple.
8) Tous ceux qui me voient se raillent de moi, Ils grimacent des lèvres, hochent la tête.
9) Il s’en remet à l’Éternel ! Qu’il le délivre, Qu’il le sauve, puisqu’il met son plaisir en lui !
10) Oui, c’est bien toi qui m’as fait sortir du sein maternel, Qui m’as fait reposer avec confiance sur les mamelles de ma mère,
11) J’ai été remis à tes soins dès ma naissance, Dès le sein de ma mère tu es mon Dieu.
12) Ne t’éloigne pas de moi, quand la détresse est proche, Quand il n’y a personne pour me secourir !
13) De nombreux taureaux m’ont entouré, Les puissants de Basan m’ont environné.
14) Ils ouvrent leur gueule contre moi, Comme un lion déchirant et rugissant.
15) Je suis comme de l’eau qui s’écoule, Et tous mes os se sont déjoints, Mon cœur est comme de la cire, Il se fond dans mes entrailles.
16) Ma vigueur est desséchée comme la brique, Ma langue s’attache à mon palais, Et tu m’as couché dans la poussière de la mort.
17) Car des chiens m’environnent, Une bande de malfaiteurs m’entourent, Ils ont percé mes mains et mes pieds.
18) Je compterais tous mes os, Eux, ils me considèrent, ils me regardent,
19) Ils partagent entre eux mes vêtements, Et ils jettent le sort pour ma robe.
20) Mais toi, Éternel, ne reste pas éloigné, Toi qui es ma force, hâte-toi de venir à mon secours.
21) Délivre mon âme de l’épée, Mon unique de la patte des chiens.
22) Sauve-moi de la gueule du lion, Et des cornes des buffles, tu m’en as retiré !
23) J’annoncerai ton nom à mes frères, Je te célébrerai au milieu de l’assemblée.
24) Vous qui craignez l’Éternel, célébrez-le, Vous, toute la race de Jacob, glorifiez-le, Redoutez-le, vous, toute la race d’Israël !
25) Car il n’a pas méprisé, et il n’a pas dédaigné l’affliction de l’affligé, Il ne lui a point caché sa face, Mais il l’a exaucé, quand il criait à lui.
26) Tu seras le sujet de ma louange dans une grande assemblée, J’accomplirai mes vœux en présence de ceux qui te craignent.
27) Les humbles mangeront et seront rassasiés, Ceux qui cherchent l’Éternel le loueront. Que votre cœur vive à toujours !
28) Toutes les extrémités de la terre se souviendront et reviendront à l’Éternel, Et toutes les familles des nations se prosterneront en ta présence,
29) Car le règne appartient à l’Éternel, Et il domine sur les nations.
30) Ils mangeront et se prosterneront aussi en sa présence, tous les opulents de la terre, Ils s’inclineront devant lui, tous ceux qui descendent vers la poussière Et ne peuvent conserver leur vie.
31) La postérité le servira, On parlera du Seigneur à la génération future.
32) Ils viendront et raconteront sa justice au peuple qui naîtra, Car il a agi.
Eli, Eli, lamma sabachtani ?
Une détresse extraordinaire d’un homme de Dieu momentanément abandonné aux méchants, puis une délivrance dont se réjouira et bénéficiera la terre entière : Telle est la donnée de ce psaume.
Qui est cet homme de Dieu ? Le tableau de sa détresse et des résultats merveilleux de sa délivrance dépasse de beaucoup tout ce qui nous est raconté de n’importe quel croyant de l’ancienne alliance. Lequel d’entre eux a pu réellement penser que les vicissitudes de sa vie auraient pour effet de ramener à l’Éternel toutes les extrémités de la terre ? (verset 28).
Il n’est qu’une souffrance et qu’une délivrance auxquelles conviennent pleinement soit la pensée générale, soit les termes du psaume. Aussi le simple croyant, d’accord avec l’Église de tous les temps, reconnaît-il sans hésiter dans ce psaume le tableau prophétique de la Passion du Sauveur, ainsi que des conséquences, bénies pour toute l’humanité, de sa résurrection. Le Seigneur lui-même s’est reconnu dans ce psaume, comme le prouvent les deux paroles par lesquelles il a exprimé sur la croix les souffrances de son âme et celles de son corps, l’une et l’autre sont empruntées au Psaume 22 (Matthieu 27.46 - Jean 19.28).
Nous voyons ici, comme au Psaume 2, l’esprit prophétique prendre pour point de départ une circonstance particulièrement grave de la vie du psalmiste et y puiser les éléments d’un tableau qui dépasse de beaucoup en importance cette circonstance elle-même. Et ce tableau se trouve être en réalité la description fidèle de ce qui s’est passé des siècles plus tard en la personne du Christ.
Qui est l’auteur du psaume ? Plus d’une expression de ce cantique semble appartenir en propre à la langue de David. En outre, de tous les auteurs connus des psaumes, David est celui dont la vie a été le plus complètement un type de celle du Sauveur. Oint de l’Éternel, il a eu à souffrir à l’avance quelque chose de ce que devait souffrir l’Oint par excellence. De plus, mieux que tout autre, à cause de la position que Dieu lui avait faite, il a senti que les événements de sa vie avaient leur contrecoup dans la vie de son peuple et même au-delà des frontières de son royaume (comparez Psaumes 18.50 - Psaumes 40.10-11). Cette analogie, voulue de Dieu, qui existe entre la personne de David et celle du Messie, est comme le trait d’union qui rattache à travers les siècles les souffrances de David à celles du Christ.
Nous ne pensons pas du reste que David, en donnant expression dans ce cantique aux détresses qu’il avait éprouvées, lorsque tout Israël était soulevé contre lui, n’ait pas eu en vue quelque chose de plus grand encore que les événements de sa propre histoire. L’esprit prophétique n’élève pas un homme à une telle hauteur, sans qu’il en soit plus ou moins distinctement conscient. La fin du psaume, en particulier (versets 25 à 32), qui parle de la conversion du monde, serait d’une exagération touchant au ridicule, si David n’avait eu en vue, en écrivant ces choses, que son influence sur les petits rois de son voisinage. Ici, comme en d’autres occasions (Psaumes 2 et 21), sa personne disparaît dans le rayonnement de gloire de cet autre lui-même, qui doit naître de lui, mais que l’Éternel appelle son Fils.
Le psaume se divise en trois parties d’égale longueur. Un premier exposé de la détresse du héros du psaume se termine par une courte prière (versets 2 à 12). Puis vient une, nouvelle description de la situation désespérée du suppliant, aboutissant à une nouvelle requête, dont l’exaucement est brusquement proclamé, comme par un soudain cri de surprise (versets 13 à 22). La dernière partie est un chant d’action de grâces annonçant les conséquences glorieuses qu’aura cette délivrance pour Israël, puis pour la terre entière (versets 23 à 32).
J’ai été remis … Littéralement : J’ai été jeté sur toi.
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commentaire biblique de Psaumes 22.15
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