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Publié le par A Coeur Ouvert

Page gérée par Sarah Cohen Pérès - Ministère A Cœur Ouvert 

Temps de lecture : 3mn30

Dans les cultes Juifs, la Paracha, signifiant 'portion' en hébreu, est une sélection de textes hebdomadaires de la Torah. C'est aussi connu sous le nom de 'Portion hebdomadaire' (Parshat HaShavuah). Le nom pluriel est parachot. Chaque paracha prend normalement son nom dans un mot unique ou d'un groupe de mots du texte hébreu à lire

  La Paracha A’harei-Kedochim 
 10 mai 2025 

Lecture : Lévitique 16.1 - 20.27

Les commentaires ci-dessous ne sont pas des études, mais des pensées 
que la lecture de la paracha, chaque semaine, inspire

 La Paracha A’harei-Kedochim - en bref

À la suite du décès de Nadav et Avihou (cf. paracha Chemini) , Dieu met en garde contre toute entrée intempestive dans le sanctuaire. Seul le Cohen Gadol (le Grand Prêtre) peut, une fois l’an, à Yom Kippour pénétrer dans le Saint des Saints pour y offrir l’encens.

Un autre trait du service du Jour du Pardon est le tirage au sort entre deux boucs qui détermine lequel sera offert en sacrifice à Dieu et lequel sera désigné pour emporter toutes les fautes des enfants d’Israël dans le désert,
La paracha A’harei enjoint également de n’apporter de sacrifices qu’au Temple et interdit formellement la consommation du sang. Elle énonce les lois interdisant l’inceste et les autres relations prohibées.

La paracha Kedochim commence par cette injonction : "Soyez saints, car Je suis saint, Moi, l’Eternel votre Dieu'. À sa suite sont énoncées de nombreuses mitsvot (commandements) par l’accomplissement desquelles le Juif se sanctifie et établit un lien avec la sainteté de Dieu.

Ces mitsvot incluent la prohibition de l’idolâtrie, la mistva de tsédaka (charité), le principe de l’égalité de tous devant la justice, le Chabbat, la moralité sexuelle, l’honnêteté en affaires, l’honneur et la crainte des parents, le caractère sacré de la vie.

C’est aussi dans la paracha Kedochim qu’est exprimé le principe que Rabbi Akiva qualifie de cardinal et dont Hillel dit "c’est là toute la Torah, le reste en est le commentaire" : Aime ton prochain comme toi-même.

Présentation de la Paracha A’harei-Kedochim

A’harei Mot – Yom Kippour

La sixième section du lévitique s’ouvre sur le moment où Dieu s’adresse à moïse après (A’harei, en hébreu) la mort des deux fils aînés de son frère Aharon. Dieu fait part à Moïse des lois relatives au jour du Pardon (Yom Kippour). S’ensuit l’énumération de diverses pratiques que Dieu interdit au peuple juif.

Dans la paracha de Chemini, le Tabernacle vient d’être inauguré et commence à remplir sa fonction – amener la présence du Divin dans la conscience du peuple. Mais l’enthousiasme que les Hébreux ressentirent lors de cette journée extraordinaire – le premier jour de Nissan 2449 – s’assombrit par la mort tragique de Nadav et d’Avihou, les deux fils aînés d’Aharon. Comme il a été expliqué auparavant, ils moururent avant l’heure parce qu’en un sens, c’est bien ce qu’ils souhaitaient : Se défaire des chaînes de la matérialité et se fondre dans l’extase de la révélation du Divin.

En réponse, Dieu enseigna à Son peuple la leçon suivante : Le désir de se détacher des limites restreintes de la conscience de ce monde afin de se lier à Dieu est, certainement, un acte louable. Cependant, ce désir doit se contenter d’être une des faces de la médaille, et, à cet égard, la face inférieure. Le centre de notre vie doit être l’accomplissement de notre mission, le but pour lequel nous avons été créés : Sublimer la réalité de telle sorte que la présence de Dieu puisse se manifester également sur la terre.

Il peut exister deux raisons de chercher à s’évader de ce monde. Conscients de la douceur sublime que l’on ressentirait en se délectant de la Présence Divine, il se peut que nous désirions atteindre cette béatitude. Ou, conscients de la manière dont notre implication dans la vie nous a dégradés, nous pouvons vouloir y renoncer et nous enfuir dans les sanctuaires protégés de la sainteté.

À ceci, Dieu répondit en divisant Sa leçon sur l’importance d’accomplir notre mission dans le monde en deux parties. La première fut : "Ne pas boire jusqu’à l’ivresse" – ne pas boire du "vin de la sainteté" au point qu’il nous rende inconscients du monde autour de nous. Dans leur tentative d’atteindre l’extase Divine, Nadav et Avihou s’enivrèrent – aux deux sens, littéral et métaphorique – c’est pourquoi Dieu nous ordonna aussitôt de ne pas faire de même, comme il est immédiatement stipulé après le récit de leur mort, qui apparaît dans la paracha de Chemini.

La seconde partie de la leçon fut : "N’entrez pas à tout moment dans le Sanctuaire" – car, dans leur zèle du Divin, Nadav et Avihou y étaient entrés de leur propre initiative plutôt qu’en réponse à un ordre de Dieu. Bien que Dieu nous ait transmis également cette partie de la leçon le 1er Nissan, ce n’est que dans cette paracha que Ses paroles sont rapportées, soit deux paracha et demie plus tard, à la suite des lois de la cacherout énoncées dans Chemini, et des lois de pureté et d’impureté détaillées dans Tazria et Metsora. Ceci soulève aussitôt la question : Pour quelle raison le récit des événements du premier jour de Nissan est-il interrompu par une si longue digression sur les lois de la pureté spirituelle et rituelle ?

Comme il a été indiqué précédemment, l’essence des lois de la cacherout, de même que celle des lois de la pureté et de l’impureté, est de nous apprendre à conserver la conscience du Divin tout en restant engagés dans la vie matérielle. Pour ce faire, il est essentiel de savoir distinguer entre ce qui est cachère ou "pur" et ce qui ne l’est pas – en d’autres termes, entre ce qui est propice à la conscience du Divin et ce qui lui porte atteinte. Pour pouvoir favoriser une relation avec Dieu, nous devons être conscients des pièges qui risquent de menacer cette relation et de la manière de les éviter.

Nous devons également être conscients que, du fait de notre nature humaine, ces pièges peuvent nous rendre "impurs", et que, si tel est le cas, il existe un mécanisme pour parer à cette déchéance de la conscience – la techouva. Le processus de techouva – la réorientation de l’individu vers le Divin – atteint son point culminant durant Yom Kippour, le jour du Pardon.

Le commandement de ne jamais pénétrer dans le Sanctuaire est partie intégrante des lois de Yom Kippour. La seconde moitié de Chemini, jointe à Tazria et Metsora, constitue un guide pour identifier les impuretés de ce monde et les surmonter. A’harei Mot – les lois de Yom Kippour – nous enseigne comment accomplir la purification et nous affranchir de l’impureté de la conscience que notre implication dans ce monde tend à entraîner.

Un élément central de cette injonction est, cependant, de "ne pas entrer dans le Sanctuaire à tout moment" – ne pas abandonner notre implication dans le monde. Voici la réponse au second aspect de l’évasion vers le Divin qui provoqua la mort de Nadav et Avihou : Lorsque nous sommes submergés par le remords d’avoir été entachés par les exigences de la vie, et habités par le désir de fuir vers la certitude et la sécurité du Divin, il ne faut pas perdre de vue notre but et notre mission dans la vie.

Kedochim – La sainteté

La septième paracha du lévitique poursuit le sujet de la paracha précédente. Le peuple juif, devenu désormais "un royaume de prêtres et une nation sainte" à la suite du don de la Torah, doit adhérer à un code de conduite spécifique afin d’être à même d’assumer son rôle comme il convient. Aussi, cette paracha s’ouvre quand Dieu demande à Moïse de dire aux Hébreux qu’ils doivent être "saints" (kedochim, en hébreu), autrement dit, qu’ils doivent se conformer à ce code de conduite.

Comme nous l’avons vu, la leçon que nous tirons de la séquence formée par les quatre paracha précédentes – Chemini, Tazria, Metsora et A’harei Mot – est que la véritable sainteté consiste à mener une vie sainte précisément dans ce monde, et non pas à essayer de le fuir ou d’y renoncer. Après nous avoir enseigné cette leçon, la Torah s’emploie à expliquer par le détail comment atteindre de manière effective la sainteté. Tel est le thème de cette paracha, Kedochim, dont le nom signifie "saint".

Or qu’est-ce que la sainteté ? Le mot hébreu pour "saint" (kadoch)signifie à la fois "séparé", "détaché" et "au-dessus et au-delà". La sainteté relative revient à être "au-delà" (en d’autres mots, dans une catégorie distincte) des entités environnantes, la sainteté absolue, à être "au-delà" de tout, ayant dépassé les limites de ce monde. Ainsi donc, Dieu est absolument et infiniment saint, car, ayant créé le monde, Il est par définition au-delà de Sa création et de tous ses traits particuliers. En effet, Dieu n’est soumis à aucune des limites du temps, de l’espace ou des éléments qui décrivent la création.

Aussi, lorsqu’il nous est spécifié que nous devons être saints "parce que Moi, l’Éternel, votre Dieu, Je suis saint", il nous est donné à comprendre que nous pouvons nous aussi être "distincts" de la création, et que les degrés de sainteté qui nous sont accessibles sont infinis tout comme Dieu est infini.

C’est là encore une raison qui explique pourquoi Kedochim se trouve à la suite d’A’harei Mot. Yom Kippour, le thème qui ouvre la paracha d’A’harei Mot, constitue à la fois la matérialisation et le point culminant du processus de techouva, le rétablissement de la conscience du Divin après l’expérience de la chute. Nous apprenons, le long de ce processus, à sortir de l’ornière de notre vie naturelle et faire un saut spirituel d’ordre quantique. La force entropique de la réalité naturelle de l’esprit confine tout élément de la création à sombrer dans une spirale de dégénérescence et de dégradation. La techouva dément cette "vérité". Par l’intermédiaire de la techouva, nous pouvons atteindre des niveaux de sainteté d’une portée que notre logique naturelle est incapable de concevoir.

Ainsi, c’est seulement après avoir expérimenté la techouva, après être devenus experts à défier l’attraction gravitationnelle de la réalité terrestre, que nous sommes prêts à répondre à l’appel de Kedochim : "Soyez aussi saints que Moi et hissez-vous sans limite dans cette sainteté, car la source de votre sainteté, c’est Moi – et Je suis infini". 

Être au-delà de la nature implique de mener notre vie en étant imprégnés de la conscience que la nature ne saurait poser la moindre contradiction au Divin. Plus nous sommes saints, plus nous sommes capables d’infuser la conscience du Divin dans tous les aspects de la création, confinés jusqu’à présent dans leur orientation matérielle. Aucun aspect de la vie ne se trouve au-delà de notre aptitude à le sublimer tant que nous sommes liés à Dieu et agissons en conformité avec Sa volonté. C’est la raison pour laquelle la totalité des aspects de la vie – depuis les plus sombres profondeurs de l’idolâtrie jusqu’aux idéaux les plus élevés de l’amour envers notre prochain – entre dans le champ de la paracha de Kedochim. C’est cette perspective globalisante de la sainteté qu’exprime l’éventail des lois présentes dans cette paracha.

La leçon que nous en tirons est que notre ascension dans la sainteté doit être continue et infinie, chaque étape dépassant infiniment l’étape précédente, dès lors que nous puisons notre aptitude au progrès spirituel dans la sainteté de Dieu elle-même, qui est infinie.
Par le Rabbi de Loubavitch

Chabbat Chalom ! 🕎

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Si nous ne suivons pas cette maxime, nous nous éloignons alors de la sagesse pour rejoindre les rangs de ceux dont l’esprit est encombré par l’intolérance et le légalisme qui est l’étroitesse d’esprit, qu’à Dieu ne plaise ! 

                                                                            

 

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